Entretien avec Monsieur Juste Valère OKOLOGO W'OKAMBAT , Directeur Général de la Société Nationale Immobilière(SNI) , du Gabon!



Monsieur Juste Valère OKOLOGO W’OKAMBAT , Directeur Général de la Société Nationale Immobilière (SNI) du Gabon , a bien voulu répondre à nos questions , au terme d’une mission de travail, effectuée, il y a quelques temps sur le sol marocain, et après avoir rencontré différentes administrations et opérateurs en charge des questions de logement et d’habitat. Entretien au cours duquel il s’est largement expliqué sur les actions entreprises par sa société pour palier au déficit de logements constatés au Gabon , et la nécessité de parvenir à nouer des partenariats public-privé avec différents intervenants et partenaires extérieurs .

Monsieur le Directeur Général, comment peut-on situer, aujourd’hui, le déficit en logement au Gabon ?

JVO : Le déficit que vous évoquez  peut être corrélé à l’évolution démographique que connaît le pays. En effet, la croissance de la population va de pair avec l’accroissement des besoins en logements et d’amélioration du cadre de vie.

L’exemple de Libreville, la capitale du Gabon, est un modèle achevé  de l’inadéquation entre la demande et l’offre en logements. plus la ville s’étend, plus naissent des besoins sociaux en termes d’habitat, de transport, d’hôpitaux et j’en passe.

C’est donc pour vous dire que la production en logements, qu’elle soit le fait de la SNI ou de tout autre opérateur du secteur, ne saurait rattraper l’extension démographique. D’où le caractère structurel de ce déficit qui croît, d’année en année, avec l’arrivée sur le marché du travail et dans les centres urbains des populations soucieuses d’intégrer des cadres de vie décents et modernes.

Il y a dix ans, ce déficit avoisinait les 200.000 logements. Aujourd’hui, il se situerait autour de 250 à 300 .000. C’est un volume considérable à l’échelle du pays et de nos capacités de production. La sphère publique, seule, ne saurait être en capacité de l’enrayer. La cause est nationale et requiert la contribution de tous les acteurs des secteurs relevant du privé et du public.

Aussi, des partenariats public-privé seraient-ils vivement souhaités, suscités, voire, encouragés, dans l’optique de réduire l’écart qui s’est sérieusement creusé entre l’offre et la demande en logements.

Quelles mesures concrètes pensez-vous qu’il soit nécessaire d’être prises pour résorber ce déficit ?

JVO : Les éléments de réponse à cette question se trouvent, partiellement, évoqués dans le point précédent. Mais, disons, en guise de complément d’information, que les fondamentaux sont en cours d’installation, notamment le cadre réglementaire et législatif.

Vous n’êtes pas sans savoir qu’un prérequis est absolument nécessaire pour qui veut s’engager avec les chances de succès dans ce combat contre le déficit en logements.

Le Gouvernement a pris des mesures visant à aider les promoteurs immobiliers publics ou privés qui s’engagent dans le développement des lotissements. Ces mesures sont d’ordre fiscal ou douanier, par la concession de diverses exonérations.

Quels types de logements, la SNI propose-t-elle aujourd’hui aux potentiels acquéreurs ?

JVO : La production de la SNI est variée et repose sur du collectif ou de l’individuel. Nos compatriotes candidats à l’offre de la SNI la sollicitent en qualité de locataire ou d’accédant à la propriété. Dans un cas comme dans l’autre, les segments proposés partent du studio jusqu’aux quatre ou cinq pièces en passant par les trois pièces.

A titre d’exemple, le programme 3808 logements, en cours,  mixte le collectif pour 1304 appartements et l’individuel, pour 2504 villas.

Dans ce contingent, la typologie, ci-avant évoquée, est bien présente. Les réservataires ont pu se déterminer selon leurs capacités financières en faveur de la gamme de leur choix.

Que répondez-vous à ceux qui continuent d’affirmer que la SNI est loin d’avoir répondu aux idéaux sociaux de sa création ?

JVO : Il nous  paraît inexact d’affirmer que la SNI n’aurait  pas répondu, comme vous le dites, à ses originels idéaux sociaux. Les objectifs, de départ, ont consisté, pour la SNI, à sortir les compatriotes de ce que l’on peut appeler, le ‘’mal-logement’’.

A ce jour, même si l’on peut considérer que cet idéal n’est pas encore totalement atteint, force est d’admettre que l’action de la SNI a permis à des milliers de compatriotes d’effectuer un saut qualitatif au plan de leur habitat.

La réalisation des cités de Nzeng-Ayong, Owendo, Likouala, Port-Gentil, et bien d’autres, s’inscrit dans la stratégie publique qui vise à améliorer les conditions de vie de nos compatriotes.

La SNI, jusqu’à la création récente de la Société Nationale du Logement Social (SNLS), était le seul bailleur social de référence du pays. Son action a permis la réalisation, tant à Libreville, qu’à l’intérieur du pays, de lotissements où des compatriotes ont pu trouver un toit en qualité de locataire ou de primo accédant.

Nous percevant aussi, dans l’affirmation, relayée par votre interrogation, une insatisfaction réelle de la part des compatriotes, par rapport à la modicité de notre offre et aux dossiers inaboutis. Nous comprenons cette impatience. Mais permettez-nous de relever que la bataille du logement ne se gagne pas en quelques quatre décenniesd’existence. C’est un processus, voire une œuvre, de longue haleine. Même les pays plus vieux que le Gabon, et appartenant à la sphère de l’hémisphère Nord, n’ont pas encore totalement résorbé la question du logement. Il existe dans cette partie du monde , dit développé , comme chez nous , une tendance en forme de ciseaux entre les aspirations fortement exprimées à disposer d’un toit en propre qui connaissent une évolution exponentielle et une offre immobilière se caractérisant par une progression arithmétique .

L’ambition de la SNIavec le concours des Pouvoirs Publics Gabonais, est, sinon d’annuler cet écart, du moins, de le réduire considérablement. Nous travaillons à en réduire l’effet par une stratégie de construction immobilière massive et de qualité.

Comment interprétez les rencontres que vous avez eues  avec différentes structures marocaines en charge des questions de l’habitat, et qu’en attendez-vous ?

JVO :L’intérêt de ces rencontres résidait dans le fait que ces échanges ont permis d’établir des contacts qui pourraient déboucher sur des collaborations agissantes entre nos organismes respectifs . Les entités marocaines, qu’elles exercent le rôle de promoteurs immobiliers ou de bailleurs de fonds, intéressent la SNI, et le Gabon, au plus haut point.

En effet, l’ambitieux projet présidentiel de doter le pays de 5000 logements annuels, appelle la mobilisation, au plan national, de ressources colossales ; mais cela n’exclut pas , non plus , un recours au soutien de tout le ban et l’arrière –ban des amis du Gabon , dont le Maroc.

Pensez-vous que le Gabon puisse véritablement tirer profit de l’expérience marocaine pour atteindre les objectifs que vous vous êtes assignés en matière de logement ?

JVO : Le Maroc, comme la plupart des membres du Réseau Habitat et Francophonieassociation regroupant les bailleurs sociaux ayant en partage la langue française, ont une expérience plus longue que le Gabon en matière immobilière et particulièrement dans le domaine du logement social .

Cette expérience marocaine peut, et doit, constituer, pour la SNI et le Gabon, une source d’inspiration dans notre stratégie de résorption du déficit en logements sociaux.

Dans le développement d’un pays, la réussite d’un secteur peut en effet être la résultante d’un partenariat. En termes simples, pour ne pas dire en français facile : il n’y a aucune honte à se mettre à l’école de ce qui a marché chez les autres.

Notre ambition est de continuer à faire œuvre utile au profit des gabonais dans leur quête d’améliorer significativement leurs conditions d’existence.

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